La Dépêche
À chaque jour qui passe, la tension semble monter d’un cran dans le Lot. La future carte scolaire cristallise les débats dans plusieurs communes du Lot, où des parents d’élèves, des élus locaux et leurs soutiens organisent la protestation.
À leurs côtés, et qui entendent bien le rester, les syndicats réaffirment être de la partie. C’est ce qu’ils ont fait savoir il y a quelques heures à la Dasen, pour couper court à des allégations selon lesquelles "les regroupements d’écoles actuellement envisagés seraient la volonté des syndicats d’enseignants".
Faux, rétorquent la CGT Éducation et la FSU SNUipp du Lot, qui siégeront lors du Comité Technique Spécial Départemental du mardi 11 février, lequel devra se pencher sur la carte scolaire 2025/2026. Selon les informations de La Dépêche, ce sont actuellement sept classes qui pourraient disparaître, dans le cadre de rapprochements sur des niveaux et des écoles existants.
Pour ces deux syndicats, "la DASEN du Lot nous instrumentalise pour justifier des regroupements contestés". Leurs organisations rappellent donc "qu’elles défendent l’école publique et la qualité de l’enseignement dans notre département". Sur la question épineuse des classes uniques, de l’isolement des enseignants et des conditions de travail difficiles, la CGT Éduc’action et la FSU SNUipp estiment que les choix faits au sein de l’Éducation nationale "répondent avant tout à des logiques budgétaires et non à l’intérêt des élèves, des familles et des personnels". Et de poursuivre : "Loin d’être un « isolement », ces écoles sont souvent des lieux de travail collectif et de solidarité entre les équipes éducatives, les familles et les communes."
Des écoles menacées : Marcilhac-sur-Célé, Bagnac, Montcléra, Lauresses, etc.
"Les écoles de Marcilhac-sur-Célé, Bagnac, Montcléra, Lauresses et d’autres communes du Lot sont directement concernées par ces projets de regroupement. Situées en milieu rural, elles jouent un rôle essentiel dans la vie des communes et dans la réussite éducative des enfants. Elles permettent un suivi personnalisé des élèves et contribuent à maintenir un lien social et territorial fort. Les fermer ou les regrouper sans concertation réelle avec les acteurs locaux serait une grave erreur", préviennent les représentants syndicaux.
La CGT Éducation et la FSU SNUipp du Lot réaffirment donc leur attachement à une école de proximité, garante d’un service public d’éducation de qualité pour tous les enfants, y compris dans les zones rurales.
Les parents d’élèves du Lot voient rouge. Cette semaine, une mobilisation est prévue au RPI de Moncléra Cazals pour protester contre la suppression d’une classe alors que les parents de Bagnac-sur-Célé, Sauzet, Marcilhac-sur-Célé et Lauresses grognent toujours. Mais pourquoi autant de rassemblements alors que la carte scolaire ne prévoit de rendre " que " deux postes d’enseignants ? On aurait tendance à penser que les calculs ne sont pas bons. Pourtant, mathématiquement, toutes ces écoles ont raison de s’inquiéter. Car selon nos informations, la version de la carte scolaire qui sera présentée le mardi 11 février lors du Comité Technique Spécial Départemental, prévoit de rayer 7 classes de la carte du Lot. Un chiffre que Sophie Sarraute, la patronne des services de l’éducation nationale dans le département ne confirme pas. Pour compenser, 3 ouvertures de classes sont prévues.
" Le projet prévoit de supprimer des classes, plus de quatre, c’est vrai, mais moins de dix. On se laisse une marge de discussion, les instances ne se sont pas encore déroulées. Il y aura trois créations de classes mais aussi des mesures de retrait de postes. On a actuellement 534 classes et on pourrait se retrouver avec 530 classes ", envisage-t-elle. " Attentive aux mobilisations", elle promet que la carte scolaire aura des bénéfices, notamment sur les effectifs. " Nous allons pouvoir augmenter le taux d’encadrement et baisser le nombre d’élèves par classe pour atteindre le 3ème niveau le plus bas de l’académie sur les effectifs et l’un des taux d’encadrement le plus haut de l’académie avec des conditions de travail intéressantes ", assure-t-elle. Le nombre d’élèves par classe pourrait passer de 19,8 à 19,4. " Aucune école n’aura plus de 24 écoliers par classe ", remarque encore la Dasen.
Mais dans les villages concernés, les Lotois ne l’entendent pas de la même oreille. " Jeudi dernier, nous avons eu une réunion avec la directrice académique dans le Lot. Elle a annoncé son intention de supprimer le poste de la classe de Montcléra ", raconte, dégoûté, Laurent Alazard, le maire de Cazals qui se partage le regroupement scolaire avec Montcléra. Au 1er janvier, l’école compte 77 enfants à Cazals et 19 à Montcléra – la classe menacée de fermeture – soit 96 en tout. " Elle estime que l’effectif est trop faible et elle prévoit 85 enfants en septembre. Mais nous, on n’est pas d’accord avec son chiffre. On a fait nos calculs : des familles vont s’installer sur le secteur et 5 enfants supplémentaires devraient être scolarisés chez nous à la rentrée ", signale-t-il. L’édile a brandi la loi Macron qui n’autorise plus les fermetures d’écoles sans l’accord des maires.
"Les regroupements d’écoles, tels qu’ils sont envisagés par la DASEN, risquent de dégrader les conditions d’apprentissage des élèves, d’allonger les temps de transport et de fragiliser encore davantage les communes rurales ainsi que les collèges de secteur à terme", concluent-ils, appelant chacun à rester mobilisé pour exiger un véritable dialogue.
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